Textes sur les expositions

2015 exposition Cité de l'Architecture

 
Extrait du catalogue de l’exposition à la cité de l’architecture, à Paris
Cité de l’architecture «Chagall, Soulages, Benzaken... Le vitrail contemporain»

Section 7
Oser le vitrail aujourd’hui dans l’architecture civile 

L’héritage du mouvement moderne a banni l’ornement dans l’architecture. En 1908, Adolf Loos écrit le fameux article Ornement et crime que Le Corbusier publiera en 1920 dans le numéro 2 de sa revue L’Esprit nouveau. Cet article va devenir un slogan pour nombre d’architectes. Le vitrail civil, art décoratif s’il en est, va disparaître de leur vocabulaire tant dans l’architecture domestique que dans les bâtiments publics alors qu’au début du XXe siècle, Wright aux U.S.A., Macintosh en Ecosse, Loos lui-même en Autriche, Mallet-Stevens en France, le Bauhaus en Allemagne avaient utilisé le vitrail.
Le Corbusier, vers 1950, fait ajouter un vitrail au Modulor à la façade de son appartement. Depuis, une production de qualité s’est maintenue mais en nombre trop limité. Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui les architectes d’utiliser cette technique accompagnée d’un potentiel industriel vivant et d’un savoir-faire toujours présent ?
 
[…]
 
Le vitrail dans un gymnase
Vitrail de l’entrée du gymnase Bernard Jeu, Université Paris Descartes[1], UFR-STAPS, Paris (15e), 1 rue Lacretelle, conçu par Didier Sancey[2] et réalisé par l’atelier Loire en 2010

Témoignage de Didier Sancey

Longtemps j’ai dit ne pas vouloir faire de vitraux, mais en analysant ce refus, j’ai découvert une démarche de projet, une transposition de la peinture où lumière et couleur dans l'espace de l'architecture font sens.
Destiné à un bâtiment de sportconstruit par Pascal Quéré et Angélique Gault[3], ce projet artistique traduit l’énergie dépensée dans le sport, par la couleur, la lumière, et le rythme d’un tracé géométrique répondant à celui de l’architecture.
Une ligne horizontale reprenant les chronophotographies de Georges Demenÿ, photographe et professeur à l’Université Paris-Descartes, vient souligner l’idée du mouvement.
Dans le hall, un grand verre thermoformé et émaillé, d’après un dessin de Pascal Quéré, reçoit la lumière de la verrière.
Ce projet est particulier, commencé en 2010 avec l’architecte Pascal Quéré, il a été poursuivi après sa mort, avec l’architecte Angélique Gault, qui, comme moi a cherché à être fidèle au projet initial.
Dans une approche contemporaine j’ai choisi plusieurs techniques. Bruno Loire, maître verrier, m’a aidé à les mettre au point : Le vitrail au plomb en double vitrage, la sérigraphie en blanc sur un verre bleu pour les photos, et le thermoformage émaillé pour le grand verre du hall[4].
Le vitrail est comme un œil qui reçoit une information et la retransmet, c’est un filtre entre la lumière naturelle et la lumière symbolique. Les couleurs du vitrail se sont propagées dans l'espace du bâtiment: l'architecte les a reprises pour définir les teintes des murs intérieurs.


[1] Maître d’ouvrage.
[2] Avec la collaboration d’Alice Sancey.
[3] POGO Architecture. Il s’agit du 1°/° artistique.
[4] Il représente des boxeurs.